Ce blog est celui de l'émission radiophonique Culture Prohibée. Produite et animée par les équipes des Films de la Gorgone et de Radio Graf'Hit, elle vous invite, chaque semaine, à découvrir divers aspects de la contre-culture à travers des émissions thématiques (le mouvement beatnik, le polar, la presse cinéma, le rock alternatif, le giallo, etc.) et des rencontres passion-nantes (interviews de Dario Argento, Bertrand Tavernier, Philippe Nahon, Costa-Gavras, etc.). Culture Prohibée est une émission hebdomadaire d'une heure diffusée le mardi à 17H sur les ondes de Radio Graf'Hit (rediffusions le samedi à 10H et le dimanche à 23H). L'émission est également diffusée sur d'autres antennes : Radio Active 100 FM à Toulon, Radio Ballade à Espéraza, Booster FM à Toulouse, C'rock Radio à Vienne, Radio Valois Multien à Crépy en Valois , Résonance à Bourges et Radio Panik à Bruxelles.
Ce blog constitue un complément à l'émission en vous proposant des interviews inédites, des prolongements aux sujets traités à l'antenne ainsi qu'un retour détaillé sur les sorties DVD et bouquins que nous abordons "radiophoniquement". Autre particularités du blog, vous fournir le sommaire détaillée ainsi que la playlist de chaque émission. Pour plus d'infos, vous pouvez vous connecter sur le FB de l'émission en cliquant ici.
Vous pouvez écouter et télécharger l'émission sur le site des Films De La Gorgone.

jeudi 23 novembre 2017

Lire au coin du feu : Mode d'emploi


Voici, durant cette période de Noël propice aux cadeaux, quelques conseils lecture pour les cinéphiles avertis que vous êtes ! Bien sûr, nous reviendrons plus longuement sur ces titres dans notre émission de radio hebdomadaire. Commençons par un miracle que l'on n'attendait plus avec la réédition d'un pavé (épuisé depuis 2001) consacré à l'un de nos réalisateurs fétiches, Brian De Palma, entretiens de Samuel Blumenfeld & Laurent Vachaud (ouvrage édité par Carlotta et complété par 6 DVD's : Phantom of the Paradise, Furie, Pulsions, Blow Out, Body Double & Scarface).


Cette édition est augmentée de nouveaux entretiens sur les derniers films du maître, Femme fatale, Le dahlia noir, Redacted & Passion. Passionnant, car consacrées à la mise en scène, les entretiens, qui s'étalent sur plusieurs années, donnent à voir un De Palma plein de fêlures, en particulier concernant son enfance. Sa relation avec ses frères, son père et sa mère, superbe madone italienne dont le lecteur peut voir de nombreux clichés (le bouquin est richement illustré), reviennent régulièrement durant les échanges. Cela en dit long sur l'aspect psychanalytique de son oeuvre. Seul petit bémol, l'étrange rejet, par les auteurs, d'un film aussi extraordinaire que Les incorruptibles. Malgré tout, Brian De Palma, entretiens , est le livre de cinéma événement de cette fin d'année.


S'il y a bien un metteur en scène que la critique associe à De Palma, parfois à mauvais escient, c'est Alfred Hitchcock. Le britannique a démarré sa carrière américaine sous la férule du producteur David O’Selznick pour lequel il a signé Rebecca, La Maison du docteur Edwardes, Les Enchaînés & Le Procès Paradine. Ces films sont tous réunis dans un superbe coffret ultra collector édité par Carlotta Films, Alfred Hitchcock, les années Selznick. Les quatre longs métrages sont accompagnés d'un ouvrage collectif chapeauté par Les cahiers du cinéma comprenant un texte de Frank Lafond. Ce dernier est également directeur de la Collection Contrechamp (Editions Vendémiaire) qui comprend l'ouvrage Rebecca d'Alfred Hitchcock de Jean-Loup Bourget.


Rebecca d'Alfred Hitchcock est un livre analytique jamais ennuyeux, ne se perdant pas dans les écueils de la masturbation intellectuelle. Jean-Loup Bourget y construit une thèse passionnante autour d'une question : Qui est le véritable auteur du premier film étasunien d'Alfred Hitchcock, Rebecca ? A la lecture de l'ouvrage, il apparaît que ce long métrage charnière dans la carrière du britannique est plus le fruit d'une collaboration avec David O'Selznick (et d'autres). Même si Rebecca est aussi une oeuvre personnelle pour Big Hitch, en particulier concernant la figure de la femme fantôme qu'il sublimera dans Sueurs froides. Autre touche hitchcockienne indéniable, le personnage d'Edythe Van Hopper, qui incarne sa vision satirique de l'Amérique. Toutes ces pistes, et bien d'autres, sont explorées dans Rebecca d'Alfred Hitchcock , un ouvrage de Jean-Loup Bourget indispensable pour tous les amateurs du réalisateur londonien.


Un autre metteur en scène est actuellement célébré par la Gaumont à travers l'édition du coffret BR Louis Feuillade – les Sérials noirs. Il propose, dans de très belles copies, les serials Fantômas & Les Vampires réalisés juste avant la première guerre mondiale, c'est au premier que Benjamin Thomas consacre son livre paru dans la Collection Contrechamp (Editions Vendémiaire), Fantômas de Louis Feuillade. Il revient sur la succession de tableaux composée par Louis Feuillade, sur sa science du montage, sur l'incroyable modernité de sa mise en scène voire son avant-gardisme. Privilégiant l'obscurité et le contrechamp, le cinéma de Feuillade est précurseur de celui d'un autre maître du fantastique, Jacques Tourneur. Ce bouquin est celui que beaucoup de fans de Feuillade attendaient. Nous espérons que la suite de la Collection Contrechamp sera aussi riche!


Autre nouvelle collection, celle lancée par l'éditeur Playlist Society, Face B, qui propose des livres d'entretiens. Le premier s'intitule Frederick Wiseman à l'écoute. Il est signé Laura Fredducci, Quentin Mével & Séverine Rocaboy. Après un court essai, l'ouvrage s'attache, à travers un long entretien, à analyser la méthode de travail d'un des plus célèbres documentaristes de l'histoire du cinéma. Ces échanges permettent de saisir en quoi le fond est la forme pour Wiseman. Il explique comment, à travers sa mise en scène, il construit un regard très personnel sur la société. En véritable sociologue de l'image, Frederick Wiseman a construit une filmographie qui décortique les rouages du monde dans lequel nous vivons. Parfois implacable, toujours très juste, son oeuvre semble décliner à l'infini les vers de Louis Aragon, "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?". Frederick Wiseman à l'écoute est une invitation à découvrir un réalisateur définitivement singulier.


Toujours chez Playlist Society, le dernier livre de notre sélection s'attarde sur un cinéaste qui divise, y compris dans la rédaction de Culture prohibée, J.J. Abrams. Erwan Desbois est le signataire de ce J.J. Abrams ou l'éternel recommencement qui décortique l'oeuvre du créateur d' Alias, Lost & Fringe. En analysant avec talent le travail d'Abrams, l'auteur fait apparaître des liens thématiques indéniables entre ses différentes créations. Malgré tout, si la sincérité d'Abrams est mise en avant par Desbois, elle n'explique pas son adaptation déshumanisée de Star Trek . Concernant le ratage de la première heure de Le réveil de la force, Desbois évoque, non sans panache, Rashomon d'Akira Kurosawa, une interprétation qui peut prêter à débat. Nous reviendrons, dans notre émission, plus longuement sur ce bouquin exigeant en l'accompagnant de quelques mots d'Abrams que nous avions rencontré lors de la sortie de Super 8. En attendant, plongez-vous dans l'ouvrage et donnez-nous votre avis !


Hanzo

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